a) Une signalétique d’orientation adaptée à des espaces non conventionnels :
1- Répondre aux spécificités des volumes ouverts et des circulations fluides :
Les bâtiments bioclimatiques se caractérisent par une architecture tournée vers l’optimisation des apports naturels, qu’ils soient lumineux, thermiques ou aérauliques. Cette logique induit souvent des plans ouverts, des cheminements décloisonnés et des zones hybrides difficiles à appréhender sans repère clair. Dans ce contexte, la signalétique devient un vecteur essentiel d’orientation, facilitant la compréhension spatiale sans perturber l’ambiance architecturale ni générer de consommation énergétique inutile.
2- Remplacer les dispositifs électroniques par une signalétique passive :
L’un des principes fondateurs de la construction bioclimatique consiste à limiter le recours aux dispositifs techniques actifs lorsqu’une solution passive peut suffire. La signalétique, si elle est bien pensée, permet d’éviter l’installation de bornes numériques ou de systèmes d’éclairage directionnel permanent, en assurant une lecture intuitive et autonome des espaces. Cela implique de concevoir des supports visibles, logiques, et installés à des emplacements stratégiques en lien direct avec les flux de déplacement.
b) La signalétique, un outil de confort et de sécurité pour tous les profils d’usagers :
1- Concevoir une signalétique inclusive et lisible par tous :
Dans un bâtiment durable, la performance d’usage est aussi importante que la performance énergétique. La signalétique doit donc être pensée pour s’adresser à un large éventail d’usagers, qu’ils soient en situation de handicap, enfants, personnes âgées ou visiteurs occasionnels. Cela impose de respecter des règles de contraste, de hauteur, de langage visuel universel et, dans certains cas, de doublage en braille ou en pictogrammes.
2- Accompagner les flux et renforcer la sécurité sans encombrement physique :
En guidant les déplacements de manière fluide, la signalétique permet de limiter la création de barrières physiques ou de dispositifs contraignants. Elle participe également à la gestion des flux en cas d’évacuation, à condition de respecter les normes de sécurité en vigueur et d’être intégrée dans le plan général de circulation du bâtiment.
2) Sélectionner des matériaux signalétiques durables :
a) Choisir des supports respectueux de l’environnement et de l’architecture :
1- Privilégier des matériaux cohérents avec les choix constructifs :
Dans une logique de cohérence environnementale, les supports signalétiques doivent refléter les mêmes engagements que les matériaux de construction. Le bois massif local, issu de forêts gérées durablement (certification FSC ou PEFC), l’aluminium recyclé, les verres imprimés sans solvants ou encore les matériaux composites à base de fibres naturelles s’imposent comme des solutions pertinentes, à la fois durables, esthétiques et faibles en impact carbone.
2- Anticiper la fin de vie et la recyclabilité :
Un bon choix de matériau ne se limite pas à son apparence ou à sa durabilité immédiate - il doit aussi être analysé sur l’ensemble de son cycle de vie. L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est un outil indispensable pour évaluer les émissions générées à chaque étape - extraction, transformation, transport, pose, entretien et dépose - et pour garantir une vraie logique circulaire.
Les recommandations issues du magazine insistent sur l’importance de réduire l’énergie grise et les distances de transport. Il est donc pertinent d’opter pour des solutions locales, fabriquées en circuits courts, avec des procédés sobres en énergie.
b) Réduire l’impact des procédés de fabrication et de pose :
1- Intégrer des procédés de production propres et sans rejets nocifs :
Les gravures laser, découpes mécaniques numériques ou impressions à base d’encres aqueuses permettent aujourd’hui de produire des éléments signalétiques sans solvants, sans composés organiques volatils (COV) et sans colles toxiques. Ces procédés, bien que parfois plus coûteux, sont essentiels dans le cadre de constructions HQE, BREEAM ou labellisées bas carbone.
2- Exemples concrets en chantier durable :
Des plaques de porte gravées au laser sur bois huilé, des totems directionnels en aluminium non laqué, des éléments de signalétique temporaire en carton biodégradable ou en fibres compressées sont désormais courants dans les bâtiments publics et tertiaires conçus selon une démarche environnementale.
3) Intégrer la signalétique dans l’enveloppe architecturale :
a) Créer une continuité visuelle entre le bâti et l’information :
1- Harmoniser les supports avec les matériaux naturels apparents :
Les bâtiments bioclimatiques valorisent l’usage de matériaux bruts ou naturels laissés apparents, tels que le béton bois, la terre crue, le bardage bois ou la pierre sèche. La signalétique, pour ne pas jurer dans cet environnement, doit se fondre dans cette palette texturale et chromatique. On évitera ainsi les plastiques brillants ou les couleurs artificielles, au profit de finitions mates, sobres et respectueuses du langage architectural.
2- Adapter les dimensions et formats aux échelles du projet :
Une plaque de format standard peut sembler disproportionnée sur un mur en bois ajouré ou sur une façade organique. Il convient donc d’ajuster la taille, l’épaisseur, le système de fixation et l’emplacement des supports à l’échelle du bâti pour conserver une lecture fluide et discrète.
b) Ne pas compromettre l’efficacité thermique de l’enveloppe :
1- Poser sans percement ni rupture de l’isolation :
De nombreuses ITE (isolations thermiques par l’extérieur) sont très sensibles aux perforations, qui génèrent des ponts thermiques ou des infiltrations. Il est donc recommandé d’utiliser des systèmes de fixation non intrusifs - adhésifs techniques, rails invisibles, accroches magnétiques ou intégration en feuillure.
2- Respecter les flux de ventilation et les apports solaires :
La signalétique ne doit en aucun cas obstruer les prises d’air passives, les vitrages solaires ou les zones de déperdition contrôlée. Son implantation doit être pensée en coordination avec les plans techniques du bâtiment.
De plus, certaines zones (sas, circulations froides, locaux tampon) sont volontairement non chauffées dans les bâtiments bioclimatiques : la signalétique y est soumise à des contraintes thermiques et hygrométriques importantes. Il convient donc de choisir des matériaux et encres résistants au gel, aux UV, à l’humidité ou à la condensation.
4) Mettre en œuvre des solutions signalétiques autonomes à énergie solaire :
a) Répondre aux contraintes énergétiques des zones extérieures :
1- Tirer parti des technologies d’autonomie photovoltaïque :
Dans les environnements extérieurs - cheminements, parkings, accès publics - l’alimentation électrique d’un système de signalisation peut être complexe ou coûteuse. Les dispositifs à énergie solaire, intégrant des capteurs photovoltaïques, des batteries rechargeables et des LED basse consommation, permettent d’assurer une visibilité optimale sans consommation d’énergie du réseau.
2- Réduire la maintenance et les coûts de fonctionnement :
Outre l’intérêt écologique, la signalétique solaire réduit les coûts d’exploitation en limitant les opérations de maintenance, de tirage de câbles ou de remplacement de sources lumineuses. Cela en fait une solution idéale pour les bâtiments passifs, les écoquartiers ou les sites naturels protégés.
b) S’adapter aux contraintes climatiques et d’usage :
1- Garantir la robustesse des équipements :
Tous les dispositifs doivent respecter des indices de protection élevés (IP65 minimum), être résistants aux UV, aux chocs et aux variations thermiques. Leur ancrage au sol ou au bâti doit être pensé pour supporter le vent, le gel et les cycles de condensation.
2- Cibler les bons emplacements :
Les solutions solaires sont particulièrement pertinentes pour les zones d’accès nocturne, les parcours extérieurs dans des environnements non urbanisés ou les liaisons douces en site propre.